mardi 15 janvier 2008

L’événement - 400 000 anglicans sollicitent la « pleine communion »

Objections - n°13 - janvier 2008 - page 3

L’événement - 400 000 anglicans sollicitent la « pleine communion »

La Traditional Anglican Communion (TAC) est une « communion internationale » de communautés chrétiennes – on ne peut, comme le font les intéressés, utiliser le terme d’« Églises » – de tradition anglicane mais non rattachée à la Communion anglicane dont le primat est l’“archevêque” de Cantorbéry. Les fidèles de cette « communion internationale » peuvent être dits “anglo-catholiques traditionnels”, “traditionnels” en regard de leur théologie et de leur pratique liturgique.

La TAC a fait sécession de la Communion anglicane en raison de nombreuses divergences, la principale était l’“ordination” des femmes. Elle recherche désormais la pleine communion avec Rome. Lors de sa session plénière qui s’est tenue à Portsmouth (Angleterre) dans la première semaine d’octobre 2007, les “évêques” et “vicaires généraux” de la TAC ont signé « solennellement » une « lettre adressée au Siège Romain pour rechercher la pleine et collective union sacramentelle » (communiqué du 16 octobre). La TAC compte plus de 400 000 membres répartis sur tous les continents. On comprend et l’intérêt et la prudence du Saint-Siège devant cette démarche.

Pour ce qui est de l’Anglican Church in American (ACA), cette branche de la TAC aux États-Unis a été créée en 1991 après la fusion de l’American Espiscopal Church et d’un gros tiers de l’Anglican Catholic Church. Elle regroupe une centaine de congrégations – le nombre exact des fidèles qui s’y rattachent n’est pas connu – et possède un “primat” en la personne de l’“évêque” George D. Langberg.

Les négociations de l’ACA avec Rome ont commencé en 1995, mais ont été freinées par la position du cardinal Walter Kasper, à cette époque secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens (il en est le président depuis 2001), craignant que l’accueil de ces anglicans fournisse un signal hostile aux autres membres de la Communion anglicane…

Or, il ne s’agissait pas, dans ces négociations, d’une démarche « œcuménique » mais de la volonté de ces anglicans d’obtenir, aux conditions romaines – la charité étant sauve – la pleine communion. C’est pourquoi dès 2003 le dossier fut rattaché à la Congrégation pour la doctrine de la Foi.

La pleine communion de la TAC (et donc de l’ACA américaine) pourrait être facilitée par le précédent des « Pastoral Provision » [2] (les dispositions pastorales) prises par Jean-Paul II en 1980 à la suite des demandes de “prêtres” et de fidèles épiscopaliens américains souhaitant la pleine communion. Ces dispositions pastorales autorisent les évêques diocésains à fonder des paroisses catholiques de « rite » anglican, c’est-à-dire qui utilisent une liturgie très voisine de celle de l’anglicanisme [3] celle du Book of Divine Worship qui est une adaptation catholique du Book of Common Prayer – agréée par la Congrégation pour le culte divin et la conférence des évêques des États-Unis – paroisses administrées par d’anciens ministres anglicans qui ont été ordonnés prêtres catholiques. Ce sont donc là des “paroisses personnelles” de “rite particulier” mais catholiques latines – on en compte 7 aux États-Unis, principalement au Texas, en Caroline du Sud, en Pennsylvanie et dans le Massachusetts – qui pourraient donner quelque idée aux évêques français qui se grattent la tête pour savoir comment appliquer Summorum Pontificum… Depuis 1983, 70 anciens pasteurs anglicans ont été ordonnés prêtres catholiques et ont un ministère dans les paroisses américaines “personnelles” ou territoriales.

Si la TAC entrait dans la pleine communion de l’Église, ce serait la première fois qu’une entité anglicane serait réconciliée avec Rome depuis le schisme d’Henry VIII en 1534, cette forme de réconciliation pouvant revêtir deux formes : une administration apostolique de rite anglican ou une multiplication de paroisses personnelles sous la juridiction des évêques diocésains selon les « Pastoral Provision ». En tous les cas, une affaire à suivre…

Daniel Hamiche


[1] www.acahome.org

[2] www.pastoralprovision.org

[3] Voyez quelques exemples significatifs : www.walsingham-church.org ; www.atonementonline.com/index.php